La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
Comment expliquez-vous la vague de suicides qui frappe actuellement France Télécom ?
Avec toutes les restructurations et le fait qu'on est passé au privé, c'est toute la philosophie de l'entreprise qui a changé. Des jeunes, qui ont fait de longues études et sont bardés de diplômes, sont arrivés. C'est vraiment le choc de deux cultures.
L'ambiance de travail a-t-elle changé ?
Oui. Avant, on ne nous demandait pas de résultats, alors que maintenant, il faut faire des bons chiffres à la fin du mois.
Selon vous, de quand date ce changement ?
Tout cela a commencé dès le début de la privatisation, en septembre 2004. Il y a eu beaucoup de délocalisations ou de fermetures de services. Quand cela arrive, c'est très difficile, car on doit tout réapprendre. En huit ans, nous avons déménagé quatre fois et j'ai dû changer de métier trois fois. C'est facile de faire cela quand on a 25 ou 30 ans. Mais à 50 ans, c'est autre chose. Ce n'est pas toujours simple de maîtriser toutes les nouvelles technologies. A la fin, il y a une accumulation de fatigue et on arrive à des cas de suicides, même si les personnes concernées avaient peut-être d'autres problèmes personnels.
Dans l'entreprise, cette vague de suicides a-t-elle un impact sur l'ambiance au quotidien ?
On en parle un peu entre nous et on ne trouve pas ça normal qu'il y en ait autant. On se dit qu'il y a un mal-être, un mal-vécu, spécifiques à cette entreprise-ci.
Attendez-vous quelque chose de la rencontre entre le PDG de France Télécom et Xavier Darcos, le ministre du Travail, aujourd'hui ?
Non, nous n'en attendons rien. A moins de faire un plan de départ anticipé à la retraite pour permettre aux vieux fonctionnaires de quitter le navire. Je sais que beaucoup de mes collègues aimeraient avoir cette opportunité. Mais ce n'est pas la politique actuelle.
Propos recueillis par Alice antheaume
On peut à bon droit se demander pourquoi la Direction de Pôle emploi a décidé de supprimer le CNHSCT (CHSCT National), qui semble être pourtant l'instrument idéal où pourrait être traitée la question essentielle de la souffrance et du stress au travail.
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Dernière minute:
Nous venons d'apprendre qu'une salariée de l'AFPA travaillant au Service d'Orientation Professionelle de Toulouse a tenté de mettre fin à ses jours sur son lieu de travail.
Dans une lettre du 11 septembre adressée au Directeur du CROP, les représentants CGT et SUD soulignent, entre autres choses, que le transfert programmé à Pôle emploi constitue un facteur de déstabilisation supplémentaire pour les salariés de l'AFPA.
Extrait:
Les organisations syndicales et les délégués du personnel s’insurgent face à une situation inacceptable. Ils soulignent que cet accident du travail s’inscrit dans un contexte d’incertitude généralisée : les personnels d’orientation, menacés d’être transférés à Pôle Emploi, non seulement ne disposent d’aucun élément d’information produit par la direction, mais assistent à une dégradation significative de leurs conditions de travail.