Petit détail que Laurent Wauquiez semble balayer d'un revers de main : le statut du nouvel organisme bâtard. L'ANPE était un service public, les Assédic appartenaient au privé. Limpide. Les employés de l'ANPE sont des agents contractuels de l'Etat, les employés des Assédic sont des salariés privés. CQFD. Mais les employés de Pôle emploi, que sont-ils ? C'est là que tout se complique. La fusion implique la refonte des statuts des deux organismes. Or cette modification effraie inéluctablement les uns et les autres. Les uns craignent une réduction de leurs droits, les autres tremblent à l'idée de voir leurs salaires diminuer. Toute ressemblance avec une situation existante ne serait que pure coïncidence. Pourtant, la situation à Pôle emploi rappelle cruellement celle de France Télécom. L'effectif de l'opérateur de télécommunications est lui aussi constitué de salariés privés et de fonctionnaires. Ces derniers ont souvent le sentiment de faire les frais du passage du public au privé, un sentiment qui aurait fini par pousser certains au suicide. Pôle emploi, avec sa fusion kafkaïenne, s'apprête pourtant à franchir le même Rubicon. Et aucun de ses agents ne semble avoir envie de piquer une petite tête dans les eaux troubles de cet organisme sui generis.
Une convention collective est actuellement en cours d'élaboration. Elle devrait régler la question de l'homogénéisation des salaires et des droits. Mais rien n'est prévu pour les agents qui n'auraient pas envie de changer de métier.