La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
S'il est élu, François Hollande renforcera-t-il les effectifs et les moyens de Pôle emploi ?
L'Express / AFP Philippe Huguen 4 mars 2012
S'il est élu, le candidat socialiste se sait attendu sur le terrain de la lutte contre le chômage. Par-delà le "contrat de génération", il envisage de renforcer les effectifs de Pôle emploi.
Une simple phrase glissée dans le programme de François Hollande, sept petits mots passés quasiment inaperçus mais dont la portée s'annonce considérable : "Je renforcerai les moyens de Pôle emploi." S'il est élu, le candidat socialiste veut faire de la lutte contre le chômage une priorité de ses débuts de mandat. Alors, depuis plusieurs semaines, en toute discrétion, son équipe planche sur la mise en oeuvre. Et le résultat donne le tournis. Il faudrait recruter de 15 000 à 18 000 conseillers supplémentaires pour offrir aux chômeurs français un accompagnement équivalent à celui proposé au Royaume-Uni ou en Allemagne, selon des calculs effectués par les socialistes à partir d'un très sérieux rapport de l'Inspection générale des finances d'avril 2011.
Pourquoi le candidat qui fait la course en tête prendrait-il le risque de provoquer, avec ce dossier, une polémique similaire à celle qui avait suivi l'annonce de 60 000 recrutements dans l'Education Nationale ? Jusqu'à maintenant, dans le domaine de l'emploi, François Hollande a joué une partition classique, déclinant deux idées fortes. Critiquant régulièrement "le million de chômeurs supplémentaires" du quinquennat [en réalité, il ajoute les personnes travaillant très peu aux 700 000 demandeurs d'emploi stricto sensu]. Défendant, plus souvent encore, sa proposition d'un "contrat de génération" pour lier embauche d'un jeune et maintien d'un senior.
Mais le candidat socialiste est de plus en plus conscient que, s'il l'emporte le 6 mai prochain, il héritera d'une situation très dégradée sur le marché de l'emploi. Les chiffres du chômage rendus publics le 24 février l'ont encore confirmé. Et le contrat de génération ne suffira pas à inverser la tendance. "Il faut avoir la lucidité collective de ne pas vouloir mettre en oeuvre de nouvelles mesures si on n'a pas les moyens d'accompagner les demandeurs d'emploi", reconnaît, malgré quelques circonlocutions, Alain Vidalies, chargé du pôle emploi-travail dans l'équipe de campagne.
Où trouver 2 milliards d'euros supplémentaires?
En montrant qu'il prend au sérieux ce qui apparaît, enquête après enquête, comme la première préoccupation des Français, François Hollande entend aussi se démarquer de Nicolas Sarkozy. Avec ses déclarations - contradictoires - sur sa volonté d'organiser un référendum sur la formation des chômeurs, le président de la République a, certes, fait un coup politique pour son entrée en campagne, mais n'a suscité que le scepticisme sur sa capacité à changer concrètement la situation des demandeurs d'emploi.
Reste, pour le candidat socialiste, à éviter le procès en inconséquence financière que ne manquera pas de lui intenter son adversaire. Et c'est bien là que les difficultés commencent. Où trouver les 2 milliards d'euros que nécessite le financement d'une telle mesure ?
D'ores et déjà, l'équipe socialiste tourne son regard vers les partenaires sociaux qui gèrent l'Unedic pour les convaincre de consacrer une part plus importante des cotisations chômage à l'accompagnement des demandeurs d'emploi. Mais syndicats et patronat estiment bien suffisante leur contribution de 3 milliards d'euros annuels, qui assure les deux tiers du budget de Pôle emploi. "Il n'est pas question que l'Unedic mette davantage, d'autant que l'Etat n'a pas tenu ses engagements en 2011", rappelle Laurent Berger, chargé de l'emploi à la CFDT. Voilà, pour le candidat socialiste, l'occasion de tester très vite sa capacité à trouver des compromis avec les partenaires sociaux...
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Pour info: Nous avons tenté à plusieurs reprises de contacter Alain Vidalies qui est le ''Mr Emploi'' de l'équipe Hollande pour lui proposer une interview dans le magazine Hélium 4. Jusqu'ici sans succès.
Noèle et Paco