Que les choses tournent mal et le fusible sera tout trouvé. "Il y a des candidats au poste, n’écoutez pas les rumeurs", murmure-t-on dans les couloirs de Bercy. L’heure venue, le gouvernement saura distiller les arguments anti-Charpy: son passé aux côtés de Jean-Pierre Raffarin à Matignon sous Chirac, ses demandes d’augmentation de salaire…
Christian Charpy savait que la rentrée serait compliquée. Le directeur de l’organisme public issu de la fusion de l’ANPE et des Assedic n’ignore rien de la vague des nouveaux chômeurs issue des plans sociaux et de celle des jeunes diplômés sans débouchés cette année. Le nombre d’inscrits à son agence a bondi de 25% en un an. La hausse du chômage est historique par sa rapidité. Elle complique sérieusement sa tâche.
Mais ce haut fonctionnaire est surtout attendu au tournant par sa tutelle, le secrétaire d’Etat Laurent Wauquiez. Et par les syndicalistes et représentants du patronat qui forment son conseil d’administration. Le ministre, dans son interview au JDD, lui fixe de nouveaux objectifs: attribuer enfin la prime de 500 euros promise par Nicolas Sarkozy, mettre de l’ordre dans les formations, répondre au téléphone… Et corriger les ratés de Pôle emploi.
En conflit avec les partenaires sociaux
Ce dernier aspect irrite au plus haut point les partenaires sociaux. Guerre de chapelles entre anciens de l’Assedic et ex-ANPE, écarts de rémunération (jusqu’à 30%) non résorbés, délais d’attente allongés pour les chômeurs, manque prétendu de moyens… Les contentieux sont lourds. Dans ce contexte, Geoffroy Roux de Bézieux, président de l’Unedic (l’assurance-chômage) pour le compte du Medef, a engagé un bras de fer financier avec celui qui est aussi l’ex-patron de l’ANPE.
Motif: l’assurance-chômage doit verser 2,9 milliards d’euros par an à Pôle emploi au titre de la fusion, soit 10% des cotisations. Mais le patron de Virgin Mobile France a refusé d’envoyer le dernier chèque trimestriel cet été car Pôle emploi ne parviendrait pas à dépenser cette somme. "Nous sommes endettés, nous n’allons pas donner de l’argent à Charpy pour qu’il le place et touche des intérêts!", se défend-on à l’Unedic. Ambiance. "Cet argent est un dû, on ne gère pas les comptes de l’Unedic comme ceux d’un opérateur de téléphonie", peste-t-on à Bercy. La pression ne va pas retomber de sitôt.