La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
La tâche est importante mais "pas considérable" selon Christian Charpy
Pôle emploi va recevoir 680.000 chômeurs de longue durée d'ici à juin
Les Echos 2 mars 2011
Il y a un an et demi, devant une convention des cadres de Pôle emploi, le chef de l'Etat avait déjà prononcé un hommage appuyé au personnel de l'opérateur public. Il l'avait assorti de l'annonce de son accord pour des renforts temporaires. Hier, il a de nouveau « félicité Pôle emploi pour son action ». Mais cette fois-ci, il n'a pas assorti le compliment d'une annonce de moyens supplémentaires mais d'une exigence : « Après la phase de création, il faut désormais pour Pôle emploi aborder une nouvelle étape, celle de la diversification et de la personnalisation du service offert » car « tous les chômeurs n'ont pas besoin d'être suivis de la même façon ». Pour Nicolas Sarkozy, ceux qui en ont le plus besoin sont « les demandeurs d'emploi de longue durée ou ceux qui risquent le plus de subir un chômage de longue durée si l'on ne fait rien pour eux ». Le 10 février, déjà, il a demandé que soient reçus « sous trois mois » les chômeurs depuis plus d'un an avec à la clef « soit une proposition de formation qualifiante, soit un emploi ».
Le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, a eu l'occasion hier après-midi d'en dire un peu plus sur ce qu'avait prévu le service public de l'emploi à destination de cette population devant les sénateurs. Il était auditionné par la mission d'information qu'ils ont constituée sur Pôle emploi. Il a rappelé que le dispositif portera non pas sur tous les chômeurs depuis plus d'un an mais sur ceux n'ayant jamais travaillé pendant leur période de chômage. Ce n'est qu'à peine plus d'un tiers de quelque 1,5 million de chômeurs de longue durée recensé. Mais c'est tout de même 680.000 personnes que ses services vont recevoir d'ici à juin, a précisé le directeur général de Pôle emploi. La tâche est importante mais « pas considérable », a relativisé Christian Charpy, rappelant que ses agents effectuent 2 millions d'entretiens par mois. « Ce qui est plus un challenge, c'est de trouver à chacun une solution », a-t-il poursuivi.
Il a évoqué la rallonge de 50.000 contrats aidés et les 15.000 places de formation financées par Pôle emploi évoquées par Nicolas Sarkozy le matin. Il a ajouté qu'il espère en obtenir autant des régions, décidément très sollicitées. Autant de mesures qui ont aussi un intérêt statistique.
Mais tout cela ne fait pas 680.000. Une autre mesure va venir compléter le dispositif : l'octroi d'une aide spécifique de 2.000 euros pour l'embauche d'un chômeur de plus de 44 ans en contrat de professionnalisation, qui bénéficie déjà d'une exonération de charges et d'une prime de 2.000 euros. La portée de la mesure doit être relativisée : elle ne devrait pas concerner plus de 10.000 personnes. Pas de quoi boucler le dispositif, donc. En guise de solution, pour une bonne partie des chômeurs contactés, ce plan de mobilisation risque de se résumer à la perspective d'un accompagnement renforcé. Avec un défi : échapper au syndrome du « plan rebond » ciblé sur les chômeurs en fin de droits de 2010, qui n'a pas eu les effets escomptés.