La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
Grève à Pôle emploi Basse-Normandie
Récit d’une matinée particulière
Ce fut soudain l’afflux pharmaceutique ! Des boîtes qui par dizaines s’abattent et grêlent, comme des appels au 3949, des boîtes de médicaments vidées par l’angoisse et la fatigue, des dizaines d’emballages de souffrance, amputés de leurs pastilles chimiques ingurgitées par les collègues, des boîtes qui se déversent sur des tables, sous les regards de glace de la Direction bas-normande de Pôle emploi.
Après l’absence d’appui le mauvais temps ! Le temps de la parole qui exorcise le mal, un exorcisme temporaire puisqu’il faudra bientôt retourner au charbon, puiser encore à la source malfaisante du labeur déshumanisé, à seule fin de gagner tant bien que mal de quoi user encore sa force de travail, là où chaque jour Kafka rencontre Orwell pour développer un scénario qui ne relève en rien de la fiction.
Des flots de mots s’abattent, des souffrances répétées et des aveux qui jadis se faisaient pas ou se disaient en aparté : « Pôle emploi m’a volé 5 mois de ma vie, 5 mois d’arrêt de travail. », « Moi je ne dors plus » dit une autre voix, « je suis à bout ». « Mon métier saccagé je ne le reconnais plus et je crains que demain il n’en reste plus rien » s’accordent à dire d’autres témoins. Et les cas s’amoncellent qui démontrent que depuis des années maintenant l’absurdité n’a de rivale que sa parèdre, l’aberration, au service d’une logique gestionnaire et comptable à mille lieues des préoccupations des collègues et des besoins des usagers.
Après ce déluge spontanés, poignant car en effet à cœur ouvert, les mots du Directeur se font entendre qui ne laissent en rien voir le retour d’une colombe qui porterait l’espoir d’une terre apaisée. Les mots sont à chaque fois les mêmes et parlent « d’écoute », de « prise en compte de ce qui s’est dit » mais ils délivrent encore l’alibi ô combien salvateur de la fameuse absence de marges de manœuvre puisque, comme chacun sait, « pour ce qui est des moyens, c’est la DG qui décide ! » Et le DR de tenter de rassurer ses troupes, il parle encore, dépourvu du moindre reliquat de lucidité qui lui donnerait la possibilité de réaliser qu’il s’exprime comme un « powerpoint ! » Le DR « sécurise », il « optimise », il évoque la nécessité de « monter en compétences », « d’adapter le tutorat », il dit qu’il est « sensible aux conditions de travail » alors que « le DG entend ». Le propos dilatoire étant l’une de ses spécialités, il se veut rassurant car « le CA d’avril » arrive et avec lui le déploiement de la providentielle « Convention Tripartite » qui adaptera le SMP tout en nous « conduisant vers des résultats ! » (sic).
Pendant ce temps le chômage explose et Malakoff Médéric s’essaie déjà à s’emparer des missions de Pôle emploi !
Les 20% de grévistes de Pôle emploi Basse-Normandie ont été affligés par le discours de la direction.
Une réunion du C.E a suivi cette matinée particulière, les affaires ont repris, n’enlevant en rien une once de détermination aux manifestants du jour rassemblés devant le D.R. à l’initiative de l’intersyndicale CGT, CFDT, SNU-FSU. Ils et elles savent qu’il leur reste l’essentiel, outre leur bulletin de vote qui sera bien précieux dans les semaines à venir, personne ne leur enlèvera la force du nombre. Elle sera bien un jour communicative, jusqu’à la déferlante. On ne leur ôtera pas non plus leur capacité d’user du pouvoir salvateur de dire NON et de s’opposer…jusqu’à ce que la raison l’emporte.
Un gréviste