La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
Interview exclusive de Alain Vidalies par "La fusion pour les nuls"
Alain Vidalies (à droite sur la photo) le 11 avril 2012 à Mayenne
Alain Vidalies est le responsable du pôle "Travail-Emploi" dans l'équipe de campagne de François Hollande.
Nous lui avons posé 5 questions relatives au Pôle emploi:
Pôle emploi: cinq questions au candidat François Hollande.
Sur le sens de cette démarche, nous vous renvoyons aux interrogations des lecteurs et aux deux réponses de Noèle et Paco ---} link
Les réponses de Alain Vidalies
Je vous remercie pour les questions que vous m’avez adressées et de l’occasion que vous me donnez ainsi de rappeler et de préciser les engagements de François Hollande sur un sujet aussi important que le service public de l’emploi.
L'intégration, à marche forcée, de l'ANPE et des Assedic au sein de Pôle Emploi s’est déroulée, et se déroule toujours, dans des conditions désastreuses. Agents surmenés, chômeurs délaissés, parfois même baladés entre divers organismes privés : en l’état le manque de moyens entraine une dégradation de l’accompagnement des demandeurs d’emplois. Ce n’est pas la fusion qui pose problème, mais le manque de moyens qui conduit à un recul de la qualité de l’accompagnement des chômeurs.
Le Royaume-Uni, le Danemark et les Pays-Bas consacrent 3 fois plus d'argent par chômeur que la France pour accompagner le retour à l'emploi. Leurs taux de chômage respectifs s'établissent en conséquence à 7,8%, 6,9% et 3,7% de leurs populations actives. Depuis la création de Pôle Emploi, à la suite de la fusion entre l’ANPE et les Assedic, les conditions de travail des agents n'ont cessé de se dégrader tout comme la qualité des prestations délivrées aux demandeurs d’emplois. C’est, bien sûr, une faute économique, puisque cela revient à amoindrir les chances des chômeurs de retrouver un emploi rapidement alors même que leur nombre explose. Mais, c’est surtout une faute morale, laissant des millions de demandeurs d’emploi dans une grande détresse.
Le manque d'effectifs, de moyens et de formation des agents engendre aujourd'hui désarroi, colère et souffrance des deux côtés du guichet. Avec un nombre de dossiers à traiter qui s'élève couramment à plus de 200 demandeurs d'emploi par agent, pour un objectif initial officiel compris entre 30 et 60, ils n'ont pas les moyens de mener à bien leur mission et de répondre aux demandes et besoins du public accueilli.
Avec François Hollande nous condamnons fermement ce désengagement manifeste de l’Etat.
Nous reviendrons sur cette aberration du mandat de Nicolas Sarkozy qui a consisté à démanteler le service public de l’emploi en pleine crise. Nous ne l’acceptons pas et face à l'urgence de la situation, nous nous engageons à doter Pôle Emploi des moyens nécessaires à la réalisation de sa mission. Nous mettrons également en place un plan de recrutement d’agents formés afin de mieux personnaliser l’accueil et le suivi des demandeurs d’emploi.
Il existe par ailleurs une confusion entre la mission d’accompagnement et la fonction de contrôle et de sanction. Cette situation peut avoir pour conséquence une perte de confiance des demandeurs d’emploi dans leur conseiller, notamment si ce dernier peut à tout moment leur retirer leur allocation. C’est une question de nous devrons nous poser avec les partenaires sociaux.
Alors que le chômage explosait le gouvernement a décidé de généraliser à la hâte les expérimentations en transférant un grand nombre de suivi aux opérateurs du privé, alors même que leur performance n’était pas évidente. Il apparaît effectivement que le taux de retour à l’emploi est plus fort lorsque le suivi est effectué par des agents de Pôle emploi. Comment pourrait-il en être autrement alors que tant sur la qualité des recruteurs que sur le suivi des dossiers ou encore sur la qualité des locaux dans lesquels sont reçus les chômeurs, l’Etat n’exerce aucun contrôle. Nous devons remédier à cette situation.
Dès l’été 2012, nous réunirons une grande conférence économique et sociale qui sera saisie des priorités du quinquennat et qui fixera, avec les partenaires sociaux, l’agenda social de la première partie du mandat. Cet agenda déterminera à la fois des éléments de calendrier et de méthode sur les réformes que nous souhaitons conduire.
François Hollande a eu l’occasion de le rappeler, notre action sera plus respectueuse des territoires et de leur diversité, et offrira davantage de responsabilités et de marges de manœuvre, notamment au niveau régional, aux collectivités locales, mais aussi aux opérateurs de l’Etat, comme Pôle Emploi.
François Hollande a mis la justice au cœur de son projet. La première priorité pour restaurer la justice est de permettre à chacun de vivre dans des conditions décentes grâce à son travail. Non seulement Pôle Emploi doit avoir les moyens de prendre en charge correctement les demandeurs d’emploi, mais surtout une politique offensive de création d’emplois doit être engagée, elle passera par la ré industrialisation du pays, par le soutien aux petites et moyennes entreprises qui sont les principaux créateurs d’emplois en France, et par un véritable effort en direction des jeunes – premières victimes de la crise – qui bénéficieront des contrats de génération et des emplois d’avenir dans le secteur associatif.
Alain Vidalies