La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
Manifestation au Parc des Expositions
Saint-Girons: grève à Pôle Emploi
ariegenews 16 mars 2012
Alors que se tenait juste en face de l’autre côté de la rue les «rencontres Emploi - Formation» au parc des expositions, dont l’antenne Pôle Emploi de Saint-Girons est l’un des principaux partenaires, une simple affiche collée à la porte des locaux de la dite antenne signifiait qu’exceptionnellement ceux-ci étaient fermés pour cause de grève.
C’est effectivement sur le parking du parc des expos que l’on trouvait ce matin là un certain nombre de personnels syndiqués de l’agence venus distribuer des tracts et interpeller le public sur les motifs de leur courroux.
C’est la situation de Valérie (dont nous ne connaissons pas le nom), l’une de leurs collègues qui est à l’origine de cette grève.
Cette jeune femme cumulerait en effet 20 mois de travail dans l’agence par le biais de divers CDD consécutifs et serait donc menacée elle aussi de chômage, alors que «désormais correctement formée, elle peut assurer tous les postes de l’agence» dans le cadre d’un vrai CDI.
Las, jusqu’ici l’usage même immodéré de vacataires, véritable intérimaires de ce service public pour l’emploi, ne choquera personne vu le contexte généralisé.
Ce qui est dénoncé ce sont les deux postes confiés à des personnes extérieures, vacataires, ne disposant à priori pas du profil qualifié car pas ou peu formées donc peu expérimentées, qui amène les représentants syndicaux présents ce matin à dénoncer «un refus de recrutement contestable» certainement motivés par d’autres raisons.
Au travers de ce cas particulier l’intersyndicale (CGT Pôle Emploi, SNU/FSU, Solidaires Sud emploi, Chômeurs rebelles) épaulée par leurs camarades tarbais entendent dénoncer la précarisation des emplois, le manque de moyens (humains essentiellement), la lente mais progressive «casse de ce service public qui abuserait de CDD jetables»
«Une situation exemplaire en Couserans de ce qui se passe en région après les grèves à Albi, Toulouse et avant celle de Lannemezan» estime ce syndicaliste venu des Hautes-Pyrénées.
Comme à l’échelon national cet ensemble de revendications remet en cause les effets pervers de la fusion des services de l’ANPE et des ASSEDIC en 2008.
«L’agence de Saint-Girons, justifie Nelly, représentante de la CGT, compte 14 employés dont 4 à temps partiel, contre 18 auparavant, soit au réel 12 personnes en équivalent temps complet»
Et de citer sa situation pour l’exemple: «je travaille à 60%, je suis directement 143 dossiers»
Il est vrai pour mémoire que l’un des bénéfices de la fusion devait être de ramener à une soixantaine de dossiers le nombre de personnes suivies par un agent.
On est encore loin du compte. Car, il y a bien sûr le temps passé au suivi individualisé qui s’amenuise «maxi 20 minutes par personne sans compter la multiplication par contrecoup des échanges électroniques par mails» mais également le temps que chacun doit passer à l’accueil, au téléphone sur la plate-forme téléphonique et au service des employeurs.
L’arrivée de vacataires, intérimaires, qui ont droit à une formation de seulement trois jours, est jugée insuffisante, notamment pour la gestion complexe des indemnisations.
L’intersyndicale dénonce au final le fait que «les demandeurs d’emploi et les employeurs soient les premières victimes de cette situation» et estime à près de 50% les effectifs supplémentaires nécessaires à Saint-Girons pour faire face sereinement aux missions dévolues aux agents, avec en point de mire la crainte d’une perte du statut d’agence au profit de celui de «point-relais»
Interrogée, en marge des rencontres emploi-Formation sur ce point, Christine Pescayre, directrice territoriale sud de Pôle Emploi, entourée du directeur de l’agence de Saint-Girons, Abdelaziz Saibi, estime pour sa part que «ces revendications sont infondées»
Si elle admet qu’«on est toujours perfectible», elle juge que «la charge de travail est équilibrée»
Elle met également sur le compte «d’une nouvelle organisation du travail depuis l’entrée dans les nouveaux locaux» ces dysfonctionnements passagers.
Elle regrette surtout en ce jour de rencontres employeurs - candidats que «les entreprises qui se mobilisent soient ainsi prises en otage»
Justifiant de son passé de DRH, elle se dit très attentive aux conditions de travail et se targue d’avoir pu conserver à l’antenne de Saint-Girons son statut d’agence et non de «simple» point-relais (caractérisé par moins de personnels et surtout d’heures d’ouverture au public).
Elle estime également que la bonne collaboration entre les antennes de Saint-Girons et de Saint-Gaudens permet d’équilibrer les problèmes d’effectifs et l’emploi de vacataires.
Elle trouve par ailleurs justifié le recours aux vacataires qui reste faible et voit là «une opportunité pour ces personnes à aller exercer leurs compétences ailleurs»
Bref, une divergence de points de vue dont on ne sait si une réunion avec le sous-préfet de l’arrondissement de Saint-Girons chez qui devait se rendre une délégation de l’intersyndicale ce même jour à 11heures, aura suffi à aplanir.
Et les usagers eux, qu’en pensent-ils? «Il y a ceux qui nous comprennent et nous soutiennent, dira Nelly, et ceux qui sont égocentrés et deviennent agressifs»
Un fait divers récent, une employée de Pôle Emploi avait été agressée à l’arme blanche dans les tous nouveaux locaux, vient à rappeler qu’il est urgent d’aplanir ces divergences, à tous les échelons.