La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
Les OPP se plaignent: leur business ne serait pas assez lucratif
Gestion Sociale 23 février 2012
Le Centre Études & Prospective du groupe Alpha dirigé par l’économiste Jacky Fayolle ne va pas jusque-là, mais révèle que les contrats de Pôle emploi recèlent quelques pilules empoisonnées. Il s’appuie sur l’analyse des prestations fournies par Sodie, une filiale d’Alpha, auprès de 60 000 demandeurs d’emploi, suivis dans le cadre des programmes d’accompagnement lancés en 2009.
Il constate un premier bug dans le mécanisme de sous-traitance. La formation, levier essentiel pour qu’un chômeur retrouve une activité rémunérée, ne peut être directement actionnée par ce dernier, ni par les cabinets d’accompagnement. En outre, insiste l’équipe de Jacky Fayolle, « le circuit de montage des financements est lourd ».
Un second obstacle réside dans la tarification, uniforme pour tous. Une enveloppe de 1 540 € HT par candidat remis au travail et maintenu dans le job. Dont 50 % à l’issue de la prestation d’accompagnement, 25 % au retour à l’emploi du candidat et le solde si l’intéressé reste en poste pendant au moins six mois. Si l’éthique n’autorise pas à faire le tri entre différentes catégories de chômeurs, force est de constater que selon leurs qualifications, leur parcours antérieur et leur personnalité, ils ne sont pas égaux face au marché du travail. La remise en selle nécessite donc un temps plus ou moins long. « Il serait possible, à ressources constantes pour Pôle emploi, d’établir un barème de primes variables, tenant compte de la distance à l’emploi des demandeurs », préconise Alpha. En clair, le coaching des plus fragiles mériterait une rémunération supérieure.
Troisième difficulté pour les OPP : ceux qui s’en sortent avec leur aide n’ont aucune obligation de les tenir informés de leur devenir. Pour comptabiliser ceux-là, le patron de Sodie, Zoltan Kahn, est contraint de mettre en place un coûteux dispositif de relance, pour un résultat non exhaustif.
Au final, 40 % des reclassements ne peuvent être facturés. Last but not least, les cabinets doivent imaginer des systèmes de rémunération complexes. La paie de leurs consultants incluant une part variable associée au nombre de reclassements. On comprend pourquoi la plupart des opérateurs affirment se contenter de faibles profits sur ces commandes publiques, voire de faire œuvre utile en travaillant avec Pôle emploi. « J’ai souhaité que Manpower ne fasse pas de marge sur ces prestations, considérant qu’il est de notre devoir social à la fois de maintenir l’emploi au sein de notre entreprise et d’assumer notre part de responsabilité collective », assure Françoise Gri, PDG de Manpower. Seul Ingeus semble surfer sur cette vague.