La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
Aya, victime de la circulaire contre l'immigration professionnelle
Le Courrier Picard 5 novembre 2011
Titulaire d'un BTS obtenu à Saint-Quentin, une jeune Marocaine est empêchée de travailler par une circulaire signée du ministre du Travail, le Picard Xavier Bertrand.
Pour l'administration, elle a un défaut majeur. Être née au Maroc... À part ça, Aya, une jeune Casablancaise de 21 ans, est un modèle d'intégration. Un BTS audiovisuel brillamment décroché au lycée Henri-Martin de Saint-Quentin (Aisne) en juin 2010. Puis aussitôt un CDD de six mois, suivi d'un CDI, à France 24, la chaîne française d'information internationale. Un exemple qui devrait satisfaire aux critères de «l'immigration choisie » chère à Nicolas Sarkozy. Las, comme des centaines d'autres qui ont opté pour des études secondaires en France, la jeune Marocaine se retrouve victime d'un énième texte gouvernemental sur l'immigration, qui cible cette fois les étrangers diplômés en France. «Je suis en arrêt de travail forcé ! Sans salaire, sans droit au chômage... », résume Aya. Depuis octobre, elle n'a tout simplement plus le droit de travailler.
Intitulé «Maîtrise de l'immigration professionnelle », la «circulaire Guéant » n'est pas seulement signée de la main du ministre de l'Intérieur. Elle porte aussi le paraphe du maire de Saint-Quentin, Xavier Bertrand, ministre du Travail. Le même qui faisait, il y a peu encore, la promotion des filières universitaires dans sa bonne ville. Mais quand il est question de trouver à s'embaucher sur le sol national, les étrangers formés en France sont priés d'aller voir ailleurs. Même quand le demandeur occupe un emploi qu'aucun Français ne pourrait prendre à sa place dans l'immédiat. Comme dans le cas d'Aya. France 24, qui a recours à des salariés de 35 nationalités différentes pour ses émissions dans le monde entier, aura désormais du mal à remplacer cette technicienne parfaitement arabophone, une qualité qui ne court pas les rues.
En octobre dernier, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) des Hauts-de-Seine, où se trouve le siège de France 24, se penche sur le cas de cette jeune demandeuse au droit à travailler - ce qu'elle fait depuis un an déjà - avec la plus grande maîtrise. «Ma DRH a dû justifier pourquoi elle m'a embauchée plutôt qu'un Français », raconte Aya... Malgré tous les éléments probants versés à son dossier, la jeune Marocaine doit attendre décembre - plus de deux mois - pour connaître la décision de l'administration. D'ici là, la préfecture lui a généreusement octroyé un récépissé qui l'autorise à séjourner en France... sans pouvoir y travailler.
Officiellement, le gouvernement veut adapter l'immigration légale aux capacités de la société en terme d'emploi. Sans autre arrière-pensée ?
PASCAL MUREAU
Pour éclairer le sujet: un article publié le 2 juin 2011 dans la fusion pour les nuls:
Nouvelle circulaire Guéant-Bertrand pour réduire l'immigration professionnelle.