La vie de pôle emploi ou la fusion racontée par deux agents anpe et assedic.
L'indemnisation du chômage en ligne de mire
Nouvel Observateur 9 février 2012
Divisons encore et toujours. Et surtout continuons de faire du Marine Le Pen sans le cacher. Qu’elle est la nouvelle cible du chef de l’Etat ? Les chômeurs, enfin, "les faux", dans sa tête. Que dit en effet Nicolas Sarkozy dans une interview publiée dans "Le Figaro Magazine" qui sortira le 11 février ?
S’il est réélu, il organisera un referendum pour demandera aux Français de se prononcer "sur ce système d’indemnisation du chômage et sur la façon dont on doit considérer le travail et l’assistanat". Un referendum, en principe, c’est une seule question et une seule réponse : oui ou non. Mais comment formuler cette interrogation ? "Faut-il que les faux chômeurs continuent de percevoir leurs allocations ?" Succès assuré. Ou encore : "Les demandeurs d’emploi doivent-ils accepter, sous peine de sanctions financières, le premier petit boulot qu’on leur propose ?"
Problème. Aujourd’hui, il est déjà possible de supprimer leurs allocations aux chômeurs qui refusent deux jobs. Mais dans un pays qui compte près de trois millions de chômeurs et va sans doute entrer en récession, Pôle Emploi est incapable de leur faire une seule proposition qu’il s’agisse d’un CDD ou d’un poste d’interim !
L’idée du candidat de moins en moins virtuel n’est pas nouvelle en Sarkozie. L’an passé, Laurent Wauquiez, aujourd’hui ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche avait déjà affirmé que "les dérives de l’assistanat sont le cancer de notre société". Ce que le Parlement avait ratifié par une loi sur l’obligation pour les allocataires du RSA (Revenu de solidarité active ) de travailler au moins sept heures par semaine. Quitte à déshabiller Pierre pour habiller Jacques : ces travaux , entretien des squares de la commune par exemple, étaient déjà pourvus !
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Sur ce même sujet: l'article de l'AFP
Nicolas Sarkozy propose un tour de vis dans le système d'indemnisation des chômeurs pour coller directement aux besoins des entreprises, en pointant de nouveau du doigt l'"assistanat" dans lequel le système maintient, selon lui, les chômeurs.
Pas encore officiellement candidat à un nouveau quinquennat, le chef de l'Etat livre, dans une interview à paraître samedi dans le Figaro magazine, son projet de réforme pour l'avenir, qu'il entend soumettre à référendum: obliger les chômeurs à se former aux métiers en tension et accepter "la première offre d’emploi correspondant au métier pour lequel il aura été formé".
Il souhaite "un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement" mais une "rémunération" versée "en contrepartie de la formation qu'il devra suivre".
Avec 2,8 millions de chômeurs en décembre 2011 (4,2 millions de demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite, soit un million de plus qu'en mai 2007), le chômage a explosé lors de sa présidence.
Actuellement, moins de 10% des demandeurs d'emploi sont en formation.
Le chef de l'Etat reprend là une vision du chômage et des chômeurs maintes fois exprimée. En avril 2011, il expliquait déjà qu'il avait le devoir envers "les salariés et les ouvriers qui travaillent dur" de "s'assurer que celui qui est au chômage et qui a des allocations grâce à la solidarité nationale fera tous ses efforts pour accepter une offre d'emploi".
Et Nicolas Sarkozy prévient qu'en absence de "consensus" avec les partenaires sociaux, il pourrait alors organiser un référendum pour que les Français "donnent leur opinion sur ce système d'indemnisation du chômage et sur la façon dont on doit considérer le travail et l'assistanat".
Faire des chômeurs un sujet d'affrontement
"Le président veut en réalité demander aux Français de se prononcer sur un mensonge insupportable. Il s’agit de leur faire croire que le chômage n’est qu’une question de formation ou de fainéantise des chômeurs", s'indigne dans un communiqué le MNPC (Mouvement national des chômeurs et précaires).
Pour François Bayrou, candidat du Modem à la présidentielle, Nicolas Sarkozy "cible les chômeurs" en "fait un sujet d'affrontement au sein de la société française, comme s'ils étaient le problème et pas l'absence d'emploi".
Sur le fond, le président n'explicite pas si le référendum évoqué remettrait en cause la logique assurantielle de l'actuel système d'indemnisation du chômage (le salarié et son employeur cotisent au régime Unédic, en échange de quoi le salarié perçoit automatiquement une indemnisation s'il perd son emploi) ou s'il s'agirait uniquement de durcir le contrôle des chômeurs et de leur imposer des formations.
La loi du 1er août 2008 avait déjà resserré les obligations des chômeurs. Un demandeur d'emploi est actuellement radié temporairement après deux refus "sans motif légitime" d'offres "raisonnables". Le principe en vigueur d'indemnisation est celui d'"un jour cotisé, un jour indemnisé", dans la limite de 24 mois pour les moins de 50 ans.
Dans le projet du président, les formations qualifiantes imposées aux chômeurs seraient définies par un "comité national", composé de chefs d'entreprise et syndicalistes. Il serait chargé d'identifier les "secteurs d'avenir créateurs d'emploi".
"Aujourd'hui, il y a des offres qui trouvent difficilement preneurs. Il faut rapprocher les gens qui cherchent et les entreprises qui cherchent", aime à répéter le ministre du Travail Xavier Bertrand.
© 2012 AFP